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Petits et grands nettoyages de printemps

En attendant la pluie, sous le ciel d’avril qui jongle avec les arcs-en-ciel, la saison a démarré tout doucement. Alors on ressort les paniers, le peigne à coucou, la faucille et la serpette. C’est le moment d’aérer le séchoir, d’affûter les outils, de brosser et savonner nos claies de séchage, d’étendre les draps de portage sur le fil à linge, et de voir le ciel qui se faufile à travers les trous…

Dans les jardins, les plantes sont bien réveillées. L’éternel jeu de la culture, qui consiste à prévoir autant qu’à accueillir ne s’est jamais arrêté, même pendant la dormance des mois plus froids, mais il gagne fortement en intensité. Dans les serres, les petits semis ont déjà été repiqués une fois. Bleuet, Calendula, Mélisse attendent l’heure de rejoindre la pleine terre, comme les boutures de Sauge, les plants de Géranium rosat ou d’Hélichryse. Le temps des semis c’est chaque fois recommencer une sorte de “maternance”. Toutes ces petites plantes mises à germer ont besoin d’eau, d’air, de chaleur, de présence. Il faut ouvrir ou fermer la serre en fonction de la météo, arroser, protéger, bref, s’en occuper. Être avec les semis fait le pont entre l’intérieur et l ‘extérieur, la maison et le jardin, le projet et le terrain : c’est un des grands plaisirs du printemps. Dans la tête et dans le corps, les plantes que nous cultivons se réinscrivent avec plus de force. Où va-t-on les repiquer? Comment seront les rotations dans les cultures ? Quel plan pour la nouvelle saison, et comment sera-t-il déjoué par la réalité sur le terrain?

Jouer à saute-parcelle

Le jardin et ses plantes jouent souvent à sortir des rangs. Les plantes que l’on appelle pérennes adorent se déplacer. Ramper hors de sa parcelle est une grande spécialité de la Menthe, ou des Roses de Provins, tandis que les Fenouils, les Camomilles ou les Angéliques se resèment tous azimuts.

Alors, il faut regarder, réfléchir, se mirer dans tout ce végétal. Si elles se sont repiquées, et qu’elles sont belles, on en laisse certaines, et puis les sauvages qui sont entrées avec le vent et les oiseaux, on va leur faire une petite place, les tailler ou pousser un peu les autres. Tout ça avec quand même en tête, l’installation ou le nettoyage des réseaux d’irrigation, la remise en état des clôtures (car chez nous les animaux sauvages se baladent aussi beaucoup et adorent venir brouter les plantes cultivées) et un peu, ou beaucoup de préoccupation pour le côté pratique de la récolte… Parfois on apprécie un peu aussi un peu d’alignement quand même…

Il était un foie…

Le printemps, avec toute son agitation et ses pousses neuves, c’est aussi le moment rêvé pour un petit, ou un grand nettoyage du corps. Une étape que l’on zappe souvent, mais qui va apporter beaucoup d’énergie si on prend le temps de la mettre en place. Nous avons appelé une de nos tisanes “Il était un foie qui rêvait d’amour”, pour se rappeler que du rêve à la réalité, il y a souvent juste le temps… d’une infusion.

Dans chaque région, il y a des traditions de cures de plantes que l’on appelle dépuratives, qui sont utiles pour “nettoyer le sang”, une expression populaire qui parle en définitive d’agir en soutien aux organes qui assurent la détoxification de l’organisme : le foie et les reins en première ligne. En se penchant un peu sur le sol de l’endroit où il vit, chacune/chacun verra pointer ces plantes utiles. Pissenlit, Ortie et Prêle sont au rendez-vous pour celles et ceux qui cherchent de l’aide. Alléger la digestion, éclaircir les idées, consolider les os ou soutenir la force : elles savent faire. En couleur, saveur, odeur : chacune à son heure se lève du sol, on se retourne et elles sont là!

Les livres qui parlent des plantes fourmillent d’exemples de cures de printemps ludiques et adaptées aux terroirs. Maria Treben, célèbre herboriste écossaise de la fin du siècle dernier propose de manger les tiges de Pissenlit! A l’essai, ce n’est pas trop amer, et même plutôt bon. Et pourquoi ne pas l’essayer sous forme de neuvaine (souvent conseillée avec les feuilles) : une tige le premier jour, deux tiges le second et ainsi de suite jusqu’ à neuf et de même en ordre décroissant. Mine de rien, cela constitue une vraie période de cure : 18 jours à baguenauder quotidiennement dans la gazouille à la recherche des fleurs et tiges de Pissenlit, ce qui serait déjà tout à fait souverain pour un printemps joyeux et en santé. Enfin, et même surtout, n’oublions pas de mettre Pissenlit en salade, et de cueillir pour l’accompagner Doucette, Lampsane, Sedum, Primprenelle et autre Porcelle, toutes salades sauvages bienfaisantes qui poussent dans les jardins bien fréquentés, sur les talus, dans les prés. Les recettes sont à adapter selon les régions et chez nous, l’association La Plante Diffuse vous emmène à la découverte de tous ces trésors, avec des formules de balades ou de stages à explorer sans modération.

Et on repart en cueillette

Plus au sud, le Romarin a passé l’hiver à fleurir, et c’est aussi le bon moment pour le cueillir. Avec les températures qui remontent, il se charge en huile essentielle et ses rameaux constituent la base d’une des meilleures cures de printemps (soutien du foie, et particulièrement des glandes surrénales). Parfaite en tisane (préférez les chémotypes adaptés), même si on peut penser aussi à des massages, notamment sur la zone des reins, avec une huile macérée ou un mélange intégrant l’huile essentielle, où à utiliser l’hydrolat dans un bain.

À quelques tours de roue de notre atelier de Sainte-Croix, les premières cueillettes, ce sont aussi les bourgeons de Pin Sylvestre, dont la résine reste longtemps sur les doigts, les belles feuilles ovales d’un vert très tendre de l’Ail des Ours qui se plaît au long des lits de rivières fraîches, et les fleurs jaunes. Ah le jaune ! Grand thème de renouveau, qui parle du soleil et de l’allongement des heures de lumière dans la respiration terrestre, déjà en marche vers le solstice d’été. Est-ce un hasard ?

Beaucoup des premières fleurs de printemps sont jaunes… comme une première touche éclatante, un réveil vif avant même les jeunes feuilles. La Primevère officinale, (autrement dite Coucou) est en vedette ainsi que le Pissenlit. L’une comme l’autre nous gratifient de milliers d’étoiles jaunes à ras de prairie. On les ramasse au peigne, ou le plus souvent à la main, fleur par fleur qui remplissent les paniers et s’étalent sur les draps à l’ombre des haies, en attendant l’heure du retour, où elles seront étalées au séchoir.

Plus tard viendra le groupe des fleurs blanches : l’Aubépine, qui gonfle déjà ses bouquets, l’Achillée Millefeuille, le Sureau ou la Reine des Prés. Mais pour le moment, il reste tant de jeunes pousses à glaner sur les arceaux des Ronces, tant de feuilles tendres à cueillir sur certains Eglantiers au parfum merveilleux de Rose et de Benjoin et puis bien sûr les buissons sombres et pleins d’ardeurs piquantes des Orties, leurs racines rhizomiques solidement emmêlées sous nos pieds, et souvent, sur la joue, un pétale de fleur de merisier déposé par le vent.

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Tout ceci nous tient bien occupées, à dorloter nos petits plants, préparer les jardins, ou courir à l’appel des sauvages, pour ne pas rater la belle floraison, la fenêtre météo et “le bon stade” comme on l’appelle dans notre jargon. Mais pour autant, l’activité dans les ateliers de Plante Infuse ne s’arrête pas non plus et la boutique est ouverte comme toujours les mardis, jeudis et vendredis. Nous serons également présentes sur les marchés, à Sainte-Croix le dimanche, comme d’habitude mais aussi aux journées des jardins et de la nature à Anduze le dimanche 30 avril, à la foire artisanale du 1er mai de Thoiras, à St Etienne Vallée Française “On s’engraine printemps” le 6 mai, à la foire de Lozère à Aumont-Aubrac le 14 mai, sur le festival d’Olt au Bleymard du 18 au 20 mai.

Au plaisir de vous y rencontrer!